Bengt Lindström (1925 – 2008) appartient à cette lignée rare d’artistes habités par la force des origines. Né à Storsjökapell, dans les terres sauvages du Jämtland suédois, il grandit au cœur des légendes sami, des montagnes et des vents du Nord. Ce territoire mythique, empreint de silence et de puissance, nourrira toute son œuvre.

À la fin des années 1940, il gagne Paris, attiré par le souffle de la modernité. Il y rencontre Asger Jorn, Karel Appel, Corneille, Pierre Alechinsky et les artistes du groupe CoBrA, dont il partage la révolte, l’énergie instinctive et la jubilation du geste. Avec eux, il affirme une peinture libre, viscérale, où la matière se fait chair et la couleur, cri.

Installé ensuite entre la France et la Suède, Lindström crée un univers peuplé de visages telluriques, de totems vibrants et de dieux archaïques. Sa palette, éclats d’ocre, de rouge, de vert acide, évoque la lumière des aurores boréales et la violence du monde primitif.

Chaque toile, chaque sculpture semble invoquer les forces vitales du cosmos, comme un rituel païen célébrant la beauté brute et l’énergie de la vie.